• François Chatelain

                                           François Chatelain   (1896 - 1978)

    François Chatelain
    Né à Genève le 25 août 1896. Dans "Les Souvenirs de Maman", il évoque ses souvenirs d’une vie familiale très simple, très unie, profondément chrétienne. Cette éducation, qui paraît avoir été plutôt austère mais affectueuse et joyeuse, semble l’avoir fortement marqué.
    Au sortir du Collège, après le bachot, il entre, fin 1915, au séminaire St. Sulpice à Paris. Mobilisé en juin 1916 – sa famille ayant opté pour la nationalité française – il est incorporé à Bourg en Bresse. Il y rencontre le Père Héret, le premier dominicain qu’il ait connu. Versé dans l’artillerie lourde, il prend part, dans des conditions assez dures, aux combats sur la Marne en 1918.

    Démobilisé en 1919, il se rend à Kain pour réfléchir sur sa vocation. Les responsables lui conseillent d’attendre encore en suivant des études de philosophie à l’Université de Fribourg. Il y passe 3 ans en travaillant à une thèse sur la philosophie affective de Théodule Ribot qui lui vaut le doctorat. Dès lors, il s’oriente vers la psychologie.
    En mars 1922, il entre au noviciat dominicain d’Amiens, puis en mars 1923 reprend ses études philosophiques et théologiques à Kain. Il est ordonné prêtre le 25 juillet 1926.

    En 1932, il est assigné au couvent St Jacques. Il reprend avec Robert Garric et le Père Forestier la direction de la Revue des Jeunes. Il s’oriente vers la pédagogie, fréquentant l’Institut J.J. Rousseau, à Genève, alors creuset de la pédagogie nouvelle.
    - C’est vraisemblablement à cet Institut J.J. Rousseau que se sont rencontrés nos fondateurs. L’originalité étant que ces deux passionnés de pédagogie aient su dépasser leurs convictions personnelles pour travailler ensemble : R. Cousinet était aussi résolument agnostique que F. Chatelain était engagé dans sa foi chrétienne. Ils nouèrent une solide amitié qui se révéla particulièrement efficace lorsqu’un bombardement ayant détruit la maison de R. Cousinet avec toute sa documentation et travaux en cours…. F. Chatelain proposa à R. Cousinet un nouveau départ.

    Ensemble, ils fondent :
    - en 1945, le mouvement l’Education Nouvelle Française ainsi que la revue qui l’accompagnera.
    - en 1946, l’école La Source – pour être l’illustration des Principes de l’Education Nouvelle qui viennent d’être publiés.
    - Ils choisissent Françoise Jasson pour cette fondation.
    Ayant chacun une chaire de psycho-pédagogie, l’un à la Sorbonne, l’autre à l’Institut Catholique, ils s’occupent activement du Mouvement et de la Revue. 
    F. Chatelain décrit ainsi leur travail :
    Tous les jeudis, après son cours à la Sorbonne, M. Cousinet arrivait avec sa serviette bourrée de livres et de revues, et nous parlions de la revue, du mouvement et de toutes les questions plus ou moins proches de l’éducation… Ceux qui ont connu M. Cousinet savent que sa compétence, son érudition étaient exceptionnelles. Il avait lu tout ce qui paraissait concernant l’éducation. Chaque jeudi, il emportait dans sa grande serviette les ouvrages que nous recevions, en anglais, en allemand, en italien, en espagnol et le jeudi suivant il m’apportait le compte-rendu de ses ouvrages qu’il commentait pour moi à bassons rompus. Grâce à un travail incessant, régulier, au fil des semaines et des années, M. Cousinet avait accumulé une quantité exceptionnelle de connaissances. Il entretenait aussi avec de nombreux pionniers de l’Education Nouvelle – Espagnols expatriés en Amérique Latine, Italiens, Allemands, Suisses, Hollandais, etc. – une correspondance qui lui permettait de suivre le développement et les difficultés du mouvement de l’Education Nouvelle mondiale ". (Education et Développement, n°87).Ensemble encore, ils publient, en 1966, une initiation à l’Education Nouvelle avant que F. Chatelain ne quitte l’enseignement pour raison de santé. Il restera désormais à Dijon, s’intéressant à l’histoire de la Bourgogne et de Dijon.
    Il y décède en 1978.
    Ils confient la direction de La Source, premier terrain d’application de l’Ecole Nouvelle à Françoise Jasson.
     
     
      
    Textes de François Chatelain
         

    Les principes de l’éducation nouvelle : 1951.
    François Chatelain

    D’abord une mise en garde :

    « L’éducation nouvelle est un édifice où tout se tient. Dans une école où l’enfant est absorbé par son travail, au sein d’une communauté unie où il s’épanouit à l’aise, comme naturellement, le problème disciplinaire ne se pose guère. Et nous regrettons particulièrement ici d’aborder à part ce principe de la discipline inséparable de tous les autres. »

    « Ce n’est pas vers cette voie de la non-intervention que l’éducation nouvelle s’est tournée.(…) : il n’est pas d’éducation sans adulte..
    Mais la discipline ici est toute personnelle, intérieure. C’est l’adhésion profonde à une loi dont on a compris la raison d’être, la nécessité(…)
    Cela ne peut se faire que petit à petit. Mais dès le plus jeune âge, et longtemps avant son entrée à l’école, l’enfant y sera invité par l’éducateur qui lui laissera, le plus tôt possible, la part de responsabilité dont il est capable. »

    « Lorsque l’écolier grandit et que la classe peut devenir la communauté enfantine que nous avons décrite, c’est par la vie sociale qu’il parvient à la fois à la responsabilité et à la discipline personnelles.
    Cette société enfantine, à leur taille, le maître la confiera aux enfants peu à peu et ils seront amenés progressivement à l’organiser presque entièrement. Non pas seuls sans doute, mais seuls avec l’aide et les conseils du maître. C’est ainsi que pour obtenir l’ordre, la propreté, le silence de la classe, ils sont amenés à créer des charges, à les répartir entre eux, à en contrôler l’exécution. En présence de difficultés inévitables ils seront amenés à établir et formuler des « règles », des lois nécessaires au bien commun –expérience irremplaçable pour comprendre le sens profond,  le bienfait de la loi-. »

    Les principes  de l’éducation nouvelle. 1951.

    C’est François Chatelain, fondateur de la Source avec Roger Cousinet qui les a principalement énoncés et c’est lui qui s’est préoccupé le plus de la vie du groupe, laissant à Roger Cousinet ce qui concernait l’apprentissage.

    Voici ces principes :

     

    • Avoir une vision juste de l’enfant.
    • Mobiliser l’activité de l’enfant.
    • Etre un « entraîneur » et non un « enseigneur ».
    • Partir des intérêts profonds de l’enfant.
    • Engager l’école en pleine vie.
    • Faire de la classe une vraie communauté enfantine.
    • Unir l’activité manuelle au travail de l’esprit.
    • Développer chez l’enfant les facultés créatrices.
    • Donner à chacun selon sa mesure.
    • Remplacer la discipline extérieure par une discipline intérieure librement consentie.