• Françoise Jasson

    Françoise Jasson  (1920-1980)

    Françoise Jasson est née à Paris le 15 septembre 1920, aînée de 4 enfants (une maman souvent Françoise Jassonsouffrante, elle participe à l’éducation de ses deux plus jeunes frères).
    A 18 ans, premiers pas sur le chemin de l’éducatif, elle prend des responsabilités aux Guides de France (scoutisme féminin français) d’abord au plan local, puis chargée de formation et de recherche.
    1938 : Munie d’un diplôme de jardinière d’enfants, son premier poste est un collège parisien dont la directrice Hélène Georget se préoccupe des recherches en cours en matière d’éducation. C’est elle qui conseille à Françoise Jasson d’approfondir ses connaissances, de "chercher". Ce qu’elle fait en suivant les cours de psycho-pédagogie de François Chatelain, puis de Roger Cousinet.
    1946 : Elle a 26 ans lorsque ces deux pédagogues lui confient la création d’une école qui pourrait illustrer les principes de l’Education Nouvelle, récemment publiés. Il est sûrement important qu’ils aient choisi quelqu’un de jeune et de "neuf" en éducation.
    Important aussi que cette fondation corresponde également au désir de plusieurs parents. Ainsi naît la trilogie de base de La Source (enfant – parent – école).
    On commence "petit" le 18 novembre 1946. Françoise Jasson se trouve avec 9 enfants de 5 à 7 ans dans le salon d’un appartement prêté par un parent rue des St-Pères à Paris puis hébergés dans une petite école rue de l’Abbaye..
    Deux ans plus tard, quelques fonds ayant été rassemblés, La Source s’installe à Meudon-Bellevue, dans une maison où tout est à aménager (les premiers enseignants habitent la maison, font le ménage, fabriquent de leurs mains casiers et étagères, créent le jardin. C’est le temps des pionniers !).
    En 1948 l’école est officiellement ouverte : secondaire, mixte et non confessionnelle.
    Très vite, le nombre des élèves se multiplie, ainsi que les classes, sous l’œil vigilant de R. Cousinet (et au début, de F. Chatelain qui doit bientôt abandonner car souffrant).

    Pendant quelques années, Françoise Jasson suit ses premiers élèves puis renonce à leur prise en charge directe pour se consacrer à sa tâche de directrice.
    Une directrice qui veille à tout dans un souci d’harmonie générale, qui lui est propre et qui correspond bien à l’esprit de l’Education Nouvelle.
    Harmonie du cadre de vie - la maison est en ordre, jolie, habitée de dessins ou de tableaux témoignant d’un travail en cours, ainsi que de fleurs – à l’intérieur comme au jardin.

    Harmonie des relations – on explique clairement aux enfants pourquoi il faut faire ou ne pas faire ceci ou cela.
    On "vit ensemble" adultes et enfants. L’équipe éducative se construit ainsi et la porte de Françoise Jasson est toujours ouverte à quiconque souhaite un avis, un soutien. Les parents aussi trouvent leur place et apportent une aide efficace.
    Cette harmonie aura du mal à rester évidente lorsque l’école aura beaucoup grandi mais Françoise Jasson continuera à veiller à l’épanouissement de tous – avec la même qualité d’exigence. Elle se tient au courant de l’évolution de chacun, discute des contrôles avec les enseignants, etc. Tous ceux qui l’ont connue évoquent le regard particulier qu’elle savait porter sur chaque enfant.
    Bien entendu aussi… et quelle que soit la volonté d’harmonie il y aura des divergences de points de vue – des conflits divers que F. Jasson s’efforce de gérer avec honnêteté.

    Mais la Directrice de La Source a un autre rôle important à jouer, celui de représentation de communication à l’extérieur de l’école. Dans les années 45-60 de grands espoirs s’étaient levés de faire " bouger " l’école en divers lieux, on essaie de créer, modifier.
    Dans ce contexte, l’expérience de La Source, la caution de R. Cousinet et F. Chatelain maintenant reconnus, attirent une curiosité, des questions. Il est essentiel de " rendre compte ". F. Jasson et l’équipe Source s’acquittent volontiers de cette tâche.
    En organisant des portes ouvertes, des expositions… qui permettent l’échange. 
    En écrivant dans la Revue ENF et en étant présent aux stages ENF (souvent implantés à La Source)
    En participant à des colloques, conférences, etc…
    En appartenant au Comité de Liaison d’Education Nouvelle.
    Par la suite, les élèves, devenus adolescents, mettent en évidence que la pédagogie prévue pour les petits doit être adaptée à leur usage même si les principes restent valables.

    Faut-il aller jusqu’au bachot ? Après mûre réflexion, il est décidé que l’éducation nouvelle doit faire ses preuves en étant confrontée à l’examen.
    Vers 1960 (ce sera l’autre question, non moins brûlante)… faut-il s’engager avec l’Etat ? C’est un risque, mais la balance penche en faveur du moindre coût pour les familles ainsi que du statut des enseignants – le contrat d’association est donc courageusement choisi.
    Ainsi, avec les années, la nouveauté, le militantisme se sont un peu émoussés… Françoise Jasson et son équipe prennent d’autres initiatives et créent :
    - Les rencontres pédagogiques, rencontres dont l’originalité réside dans le fait qu’elle sont ouvertes aussi bien aux individuels qu’aux organismes publics ou privés.
    - En 1969, l’Association Nationale pour le développement de l’Education Nouvelle qui regroupe les écoles nouvelles se référant à l’ENF et ayant pour objectif premier la création d’un Centre de Formation destiné à fournir aux Ecoles Nouvelles des enseignants formés dans cet esprit (le projet était ambitieux, voulant allier stages dans les écoles + études en fac + pédagogie). Faute de crédits ou de subventions ce centre ne peut fonctionner qu’une année. L’ANEN restera cependant Centre de Formation permanente et regroupement d’écoles nouvelles.
    Ce faisant, au fil des jours, bientôt 30 années se sont écoulées. L’ensemble Source est devenu lourd à gérer. Il compte 600 élèves, 450 familles, 70 professeurs.
    La fatigue se faisant sentir, Françoise Jasson quitte La Source en juin 1975 ayant été jusqu’au bout présente à tous, petits et grands.
    Yves Brunel lui succède. 

    Mais Françoise Jasson ne bénéficiera pas d’un repos bien gagné, puisque malade, elle décède 5 ans plus tard le 3 mai 1980. Ses obsèques sont l’occasion de nombreux témoignages et des remerciements de tous.